© Fleuve éditions août 2014, Jess Walter
Fils de vies à démêler, entre amour et déchirures, village italien perdu et destins de cinéma...
"Avril 1962, Dee Moray arrive par bateau dans le minuscule village de Porto Vergogna (le port de la honte), une douzaine de maisons accrochées à flanc de falaises et une petite pension de famille dont vient d'hériter le jeune Pasquale Tursi, bien décidé à en faire le lieu de villégiature préféré des stars américaines. Peu importe que le village ne soit accessible ni par la route ni par le rail, que sa plage fasse la taille d'un mouchoir de poche et que ses projets de terrain de tennis ressemblent à un doux rêve. En fait, personne ne descend jamais dans cet hôtel perdu, l"Adequate View, à part quelques clients égarés. Et chaque année, pendant une quinzaine de jours, un vétéran de la Seconde Guerre mondiale, un américain névrosé et alcoolique aux velléités d'écrivain. Dee Moray a décroché un petit rôle dans la grosse production rassemblant Liz Taylor et Richard Burton, Cléopâtre. Elle était à Rome quand on lui a diagnostiqué un cancer, la production l'a alors envoyé se reposer dans cet hôtel. Bientôt, Richard Burton et un autre type de la production débarquent eux aussi... De nos jours, à Hollywood, une jeune assistante de production, Claire Silver, se débat pour quitter son job auprès du producteur Michael Dean, une momie qui a connu son heure de gloire, et son compagnon du moment, inconditionnel des boîtes de strip-tease. Et puis il y a Shane Weeler, persuadé d'avoir le pitch du siècle qui part pour Hollywood tenter de vendre son idée, Pat, le chanteur-compositeur complètement paumé... Tous ces êtres ont des rêves auxquels ils se cramponnent, et bien qu'ils viennent d'horizons différents, leurs destins vont se croiser, même si certains l'ignorent encore..."
C'est un pavé plein d'émotions et de beauté qui se cache derrière cette couverture méditerranéenne. Les différentes époques et les personnages qui se croisent obligent le lecteur à une certaine concentration, mais il sera aidé par des dates et différentes graphies, puis surtout récompensé par le sentiment d'avoir suivi intensément cette passionnante saga de destins si fragiles. Entre l'Italie pittoresque des années 60 et son cinéma flamboyant, et le tout Hollywood contemporain aux ambitions désabusées guidées uniquement par le profit, le temps s'efface par la magie des souvenirs. Quand les personnages du présent partent à la recherche du passé, c'est une véritable introspection pour chacun, imparfait à sa manière. Une expédition vers la vérité de leurs propres vies: "quatre voyageurs improbables réunis de force à bord d'un véhicule propulsé grâce au carburant gazeux des vies brûlées". Entre les rêves, la grande Histoire et sa guerre, la culpabilité et les secrets, les humbles pêcheurs d'un village perdu comme les grandes stars, tous sont aux prises avec les détours sombres ou lumineux de la vie.
J'ai beaucoup aimé l'ultime chapitre qui nous renseigne sur ce qu'est devenu chaque personnage croisé, donnant au lecteur l'impression d'avoir achevé sa propre expédition dans ce roman, d'avoir trouvé sa place et de pouvoir garder en mémoire les vies, drames et surprises de tous.
Merci à Olivier, mon libraire de la Ruche aux Livres, qui m'a fourni cette jolie histoire en avant-première. ;)
Une jolie interview (en anglais) de l'auteur par Goodreads au sujet de son roman:
Les avis de aproposdelivres, elleli, petiteshistoiresdekwait,
Hé, c'est une lecture qui rentre dans le challenge du 2% de la rentrée littéraire !! (pour une fois que je pense à le notifier..)
5/12 livres parus entre mi-août et mi-octobre 2014
Commentaires
Déjà, la photo en couverture me donne envie de partir direct dans ce village et d'y croiser, peut-être, les personnages de ce roman bien tentant...
La couverture du livre représente, en réalité, le village de Manarola l'un des cinq villages des Cinqueterre. Il compte en réalité quelques centaines d'habitants et donc bien plus qu'une douzaine de maisons et est accessible par bateau, mais aussi par le train qui dessert les 5 villages; ligne Gênes- La Spezia.Ce n'en reste pas moins un endroit extraordinaire que je connais fort bien pour avoir ,à plusieurs reprises,séjourné à Riomaggiore, le village voisin et avoir randonné dans tout ce territoire des Cinqueterre.En fait je ne suis même pas sûr que le village de Portovergogna existe réellement. Son nom seul me porte à croire qu'il s'agit plutôt d'une invention de l'auteur pour les besoins de son roman.
l'endroit idéal pour se retirer du monde faire le bilan de sa vie et en parler avec des inconnus ;Je suis certaine que beaucoup de gens connus ou pas en ont besoin ; et c'est toujours passionnant d'écouter ou de lire le récit d'une vie,je le lirai avec curiosité.
>manU: oui, ce village de Portovergogna fait rêver de vacances isolées...je te souhaite déjà de croiser ce livre!
>n: tu as raison, ce roman évoque souvent les rencontres et les bilans de vies!
Une belle avant-première.
>Alex-mot-à-mots: oui, et un libraire qui a l'oeil! ;)