Un roman poignant, portrait d'une jeunesse écorchée. Un texte qui résonne aussi avec l'actualité...
Une jeune auteure italienne de 17 ans qui publie un roman-miroir sur l'adolescence avec ses failles et ses drames? C'était très tentant..
"Claudia a seize ans. Issue d’une famille bourgeoise privilégiée, elle n’a jamais eu à manquer de rien. Mais, de petite fille sage et introvertie, elle s’est transformée en une jolie adolescente sûre de soi, arrogante, pleine de mépris envers le monde, constamment en butte à l’autorité parentale. Sa mère, désespérée de la voir sécher les cours et si pleine de hargne et de rancœur, l’envoie faire du bénévolat dans un centre d’accueil pour jeunes immigrés. En vain. Quand Claudia rentre un soir, après avoir déserté un certain temps la maison familiale, elle s’attend à une scène, mais personne n’est là. Son père ne revient qu’au milieu de la nuit, en larmes : sa mère a trouvé la mort dans un accident de voiture. Petit à petit, coincée entre son père qui noie son chagrin dans l’alcool et semble ne plus la voir, son propre deuil impossible, et son sentiment de culpabilité, Claudia va prendre conscience de ses erreurs. Cette redécouverte de soi est lente et douloureuse, mais va lui permettre de faire la paix avec elle-même et son passé."
Ce que j'ai aimé dans ce livre? L'incroyable plongée dans la crise des migrants, le point de vue inédit d'une ado qui entre malgré elle dans un centre d'accueil et qui prend la réalité en pleine face. Cette lumière là m'a marquée, et les portraits de migrants ont su m'émouvoir et me toucher. Je n'avais pas encore lu de textes qui abordait la question sans concession, encore moins pour un public jeune adulte.
Quant au reste du livre...je suis davantage mitigée. Le drame familial de Claudia est décrit avec sincérité, et la posture narrative est efficace, elle qui nous fait comprendre dans les dernières pages le choix du titre.
Mais que ce soit le suspens (qui ne tient pas longtemps) sur qui a renversé sa mère, ou les milles autres sujets abordés que l'auteur n'a forcément pas le temps de développer (filles-mères, échec de la communication familiale, jeunesse d'extrême-droite, emprise du groupe et incitation à l'alcool...), l'effet sur moi a été plus étourdissant que passionnant. Je n'ai pas ressenti beaucoup d'atomes crochus avec l'héroïne au caractère rebelle exécrable et immature (ainsi sa rédemption n'en est que plus marquante). Peut-être est-ce un effet du décalage de culture italienne et française, mais en tout cas cette jeunesse romaine qui s'étourdit dans la débauche, qui se pâme pour le beau gosse tombeur et qui fait la loi au bahut m'a semblé proche de la caricature. Ceci dit, l'effet "bande" et ses dérives sont ainsi très bien évoquées, et j'imagine que les jeunes adultes seront (plus) sensibles à cette ambiance de génération.
L'auteur et sa V.O: (source: agrpress.it)Dans le silence de ton cœur, Alice Ranucci, Editions Hachette (février 2016), 240p., 16€.
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Commentaires
Je le note toujours car malgré ton avis mitigé, c'est le genre de récit que j'apprécie.
Sur les migrants, il y a en jeunesse "Refuges" d'Annelise Heurtier qui parle des raisons de leur départ et des conditions de la traversée en mer.
oui, tu as raison de noter, c'est un texte fort, et j'espère qu'il te plaira davantage qu'à moi; merci pour le référence de "refuges", je note!!
Le sujet parait intéressant, mais ce que tu dis de l'écriture me rebute un peu.
je lis bcp d'avis positifs sur ce livre, c'est vraiment une question de gout.... essaie peut être...
le sujet m'intéresse, je note, je ne connaissais pas.
un sujet pas souvent abordé de cette façon, tu as raison
Il a l'air fort ce texte !
oui, on en ressort un peu secoués même