Un roman tumultueux, où l'enfance ressurgit et noie dans ses rouleaux...
Il m'a laissée perplexe, ce livre. (Bon j'avoue, je rêvais peut être trop de sessions de surf, et forcément, j'ai été déçue.) C'est finalement une réflexion brute sur le chaos du destin, sur les rêves d'enfant qui s'évanouissent, sur le passage à l'âge adulte qui confronte à nos parents. J'ai aimé l'amitié d'enfance qui fait ciment, la recherche du père pour se connaître soi-même, la rencontre amoureuse lumineuse dans la tourmente, la personnification de la ville de Brest jusque sur la couverture, comme un symbole de l'amour/haine envers ses racines. Mais si la trame pouvait être parlante, l'écriture ne m'a pas séduite. Les passages décousus qui symbolisent peut être le débordement d'émotions n'ont pas su me retenir. L'alternance de narration, avec un recours à un point de vue évaporé de souvenirs et de sensations m'ont perdue. Ajoutés aux évocations sibyllines de croyances Navajos et à des rythmes de musique chaotiques, j'ai quasi bu la tasse. Pourtant la découverte de lettres était un bon mécanisme pour faire avancer l'intrigue. Pourtant la nostalgie de l'enfance et les désordres mentaux des deux protagonistes principaux étaient porteurs, mais je ne suis pas restée debout sur ma planche, trop instable. Je ne devais pas être équipée pour saisir ce texte, mon moment de lecture n'était pas peut être pas propice. Il faut dire que j'ai lu l'ouvrage par jour de brouillard, et que j'aspirais à de la clarté. ;)
"À Adam, de retour pour les vacances, Brest n’a pas grand-chose à dire. Toujours au loin les grues du port, plus près, entre les toits des maisons, le même morceau d’océan, plus près encore le pavillon familial en un décor inchangé, avec au centre cette drôle de licorne maternelle, en manteau gris cintré, échappée de son zoo mental.
Ici, il faudra fuir les heures qui se trainent, comme Adam sèche les cours de son école de graphisme, comme la vie se débrouille sans enthousiasme.
Hors cadre, pourtant il y a des braises sonores sous les cendres. Emballé dans du plastique, un paquet de lettres fait résonner la voix de son père volatilisé et bel et bien définitivement disparu. L’ami télépathe, Jack-Nathan, ce géant de deux mètres, qui derrière ses Ray-Ban traque ces pauvres canards de surfeurs, avant de bouffer du sable et de s’évader de nouveau, exhorte Adam à arrêter de confesser les pop-corn et à se tirer loin de son petit enfer de grâce et d’oubli. Et il y a la vie enregistrée en sa plus infime sonorité déglinguée par Aeka, aussi furieusement allumée que Jack, les mots brûlants de Katel, les bouffées d’enfance.
Tout parle en fait. Maintenant, c’est à Adam de raconter."
C'était un des romans de la jolie aventure "Mes premières 68 jeunesse", merci pour la découverte !
Une interview de l'auteur:
Surf, Frédéric Boudet, éditions Memo (aout 2019), 224 p., 16€
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