Coup de poing dans le ventre pour ce premier roman
Une écriture orale et incisive. Un héros qui nous happe dans son quotidien, de midi à minuit, dans les escaliers d'un immeuble de banlieue. Un jeune dealer d'abord anonyme, cagoule et langage codé, mais qui se révèle quand même au fil des pages, qui fait tomber le masque. Des bribes sur sa famille, son histoire d'amour, ses rêves d'ailleurs, tout en détaillant ses deals, son rôle dans un trafic de drogue organisé. Assez pour qu'on s'y attache, malgré ce qu'il est, ce qu'il fait. Et l'étau qui se referme, cette hydre qui ne laisse aucun hasard, aucune chance.
"Avant, ça marchait plus à la cool, chez nous. Un seul point de vente, de l’artisanat sans prétention. Aujourd’hui, en 2021, c’est devenu une PME qui carbure. Là, il va y avoir du nouveau, un truc imprévu.
Tu veux embarquer ? Dans le midi-minuit de ma vie. Celui qui va tout faire basculer."
Cette collection "Beau et court" aux éditions Sarbacane n'emprunte jamais le chemin de la facilité des sujets, ne fait pas mille détours pour atteindre sa cible, ne réduit pas l'intensité de l'écriture sous prétexte de tenir en 160p.
Et ce dernier roman en est encore un parfait exemple. Le héros n'emprunte pas que deux ou trois expressions au langage des cités pour faire couleur locale, il incarne cette cité gangrénée par les stupéfiants. (il y a un lexique, on est sauvés). La peinture sociétale côtoie les hauts et bas de l'émotion. Les actes condamnables n'empêchent pas les rêves de rédemption.
On aimerait apercevoir une lueur dans ce tunnel...mais minuit arrive irrémédiablement.
Dix-huit ans, pas trop con, Quentin Leseigneur, éditions Sarbacane, (février 2023), 160p., 12,90€
Commentaires
Ça à l'air assez désespéré...