Une héroïne qui veut devenir plus forte après un traumatisme et qui découvre la lutte Free style ? Le combat est lancé !
Il me tentait bien ce roman à la couverture vitaminée grâce au dessin de Paulina Ganucheau.
Une agression raciste, une héroïne adoptée qui cherche à se (re)construire, les amis, les amours, la découverte de la thérapie par le sport, la philosophie des sports de combats...les fils de cette histoire sont prenants, forts et engagés.
Jade se fait agresser un soir, et depuis elle ne rêve que de se venger, d'effacer sa douleur et son traumatisme à coups de poings rageurs. La découverte du Free style va lui offrir de quoi canaliser cette haine. Puis entretenir ses amitiés. Prendre la relève d'une histoire familiale. Rencontrer l'amour, même. Dépasser ses limites pour mieux se découvrir.
Cet axe de la philosophie des sports de combat était très plaisant, avec des apartés en fil rouge, qu'on doit à l'auteur lui même pratiquant et enseignant de judo, entre autres. On ne développe pas l'humilité ou la sagesse ici, mais la voie vers la maitrise totale du combat. La puissance, la confiance, l'efficacité. Et les progrès de Jade sont fulgurants.
J'ai été moins emballée par des raccourcis faciles, des solutions qui apparaissent pile au bon moment (un dojo de secours, l'ouverture d'une section sport-études, une ennemie qui en fait ne voulait que ton bien....). Même si le traumatisme initial reste persistant et qu'on perçoit bien à quel point la vie de Jade s'en trouve bouleversée.
Côté identité, j'appréciais le thème d'une héroïne d'origine biologique asiatique en quête de ses racines, en questionnement. J'ai été un peu frustrée. Le sujet m'a semblé facilement résolu. Je ne sais pas si les éditions Auzou ont fait appel à une relecture sensible, ni même s'il le fallait. Je pense être victime de mon envie d'avoir des modèles à proposer à mes élèves, et j'aurais voulu que ce thème soit davantage développé.
Je pense que ces points sont peut-être dûs à un public cible plus jeune que celui que je pensais, et au format plutôt court. A la recherche d'une certaine efficacité ?
Je garde en tout cas l'idée que ce roman au titre percutant veut encourager les victimes à se reconstruire, inciter les filles à devenir leur propres protectrices, reprendre confiance en elles. Et ce message donne envie !
Frapper comme une fille, Yves-Marie Clément, éditions Auzou (janvier 2024), 264p., 15,95€