Un premier titre fantastique dans la collection "Court toujours"; une réussite pour frissonner et réfléchir à l'image de soi !

A deux reprises, j'ai travaillé avec mon amie collègue de français et la géniale photographe Anais Gadeau sur un projet "Moi sans filtre" avec nos élèves de troisièmes, pour aborder leur rapport à l'image, les impacts des réseaux sociaux, le harcèlement lié au physique et leur estime d'eux-même. Cet ouvrage aurait été un parfait étendard !

"«  Vous allez enfin avoir l'apparence que vous méritez  » Comme beaucoup d'ados, Sam' est atteinte de dysmorphobie - un trouble qui lui fait voir son corps comme difforme alors qu'il est tout à fait normal. Lorsqu'elle découvre l'existence d'un filtre sur une appli qui lui promet de la métamorphoser aussi bien virtuellement que dans la réalité, sa vie bascule... "

Une lecture courte et intense, un texte sur le fil entre réalité et hallucination, entre doute et folie. Inspiré du Horla de Maupassant, ce texte est aussi efficace que saisissant. Nous sommes à distance, adoptant le point de vue de Lilou, la copine à qui Sam va se confier. Témoin extérieure des transformations, des changements de comportements d'une Sam torturée. Mais ces modifications troublantes sont -elles uniquement dans le regard que Sam porte sur elle-même, ou ce filtre "véritable " de DevilFilterMaker est-il plus puissant qu'on ne croit ?

Un récit troublant. Parce que l'image qu'on voudrait donner, celle qu'on perçoit ou celle d'une amie sont de multiples facettes difficiles à concilier. Et les réseaux sociaux démultiplient l'impact diabolique des filtres pour se cacher, s'inventer ou se mentir.

Bravo Florence Hinckel pour cette lecture-réflexion ! La version audio est agréable à entendre, et le format court toujours aussi efficace.

Le filtre, Florence Hinckel, éditions Nathan, (mars 2024), 64p., 8€

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