C'est un roman de famille déchirée, de vie de cité mais aussi de vent de liberté et de pêche au canal...
Il m'a fait peur ce roman. A cause de son titre aux accents traumatiques. Et parce que je m'étais attachée dès les premières pages à son héros solaire, et que j'avais peur pour lui. Peur que ses visions soient des signes de démence, peur qu'il ne bascule irrémédiablement dans une spirale négative. J'ai pensé au roman "Dix-huit ans, pas trop con", et mes doigts se crispaient à force de les croiser pour qu'Ibrahim lui, s'en sorte...
"Ibrahim vit dans une cité du 19e arrondissement mais préfère s’échapper à vélo à la “campagne”, pour pêcher le long du canal de l’Ourcq, poussant parfois jusque dans le “77”. Laissant derrière lui un Paris caniculaire et une famille disloquée, une mère déprimée, des sœurs absentes, un père tout occupé à son travail dans une brasserie, et surtout le fantôme d’un frère abattu il y a quelques années dans un règlement de comptes. C’est aussi l’été des dernières virées à la piscine avec ses potes et sa voisine Chéryne, avec qui il vit ses premiers émois amoureux. Mais depuis quelques jours, le garçon est sujet la nuit au même étrange cauchemar : il se réveille dans une chambre qui n’est pas la sienne, erre dans une maison squattée qui le renvoie au passé trouble de son frère. Quand il se réveille, il ne se souvient de rien, mais plus tard, dans la journée, le rêve lui revient sous forme de flashs. Quel sens donner à ces visions ? Est-ce un pur produit de son imagination ou un souvenir qu’il a vécu et refoulé ? Pour découvrir la vérité, il va devoir fouiller dans le passé familial avec l’aide précieuse de sa petite amie, qui refuse de croire qu’il est devenu fou."
(attention, je divulgache:) Finalement, les visions sont des réminiscences du passé, des non-dits transmis en héritage, que le héros choisit de dépasser. Finalement la résilience peut aussi pousser dans le bitume malgré des blessures qui restent. Finalement les échappées le long du canal font vraiment respirer. L'amour chasse les cauchemars et la solitude. Finalement j'ai beaucoup aimé.
Amnesia, Juan Echeverria, Actes sud jeunesse (avril 2024), 114p., 13,50€