Fantasy gothique aussi théâtrale qu'envoûtante !
J'ai été trompée par sa belle couverture signée @tropicalgloom: je pensais que ce roman ne tournerait qu'autour d'un seul héros, qu'on suivrait dans une lutte des classes sur un campus aux sombres secrets. C'est finalement plutôt un roman de fantasy et surtout c'est un trio, non, plutôt une troupe toute entière, ou encore même une communauté retrouvée, que l'on va suivre dans ce roman. Sans jamais s'emmêler entre les personnages. En gagnant de l'intensité au fil des chapitres et des révélations.
"Dans un 19e siècle où la magie est l’apanage des aristocrates, l’université de Willowthorne est l’une des plus sélectes et des plus secrètes d’Angleterre, lentement envahie par le givre et plongée dans un automne éternel.
Par une nuit de novembre, à Londres, Liam, un bâtard irlandais des bas-fonds, échappe à un guet-apens et découvre qu’il est le fils illégitime du duc d’Harbone. Envoyé à Willowthorne par son père mourant, il devra lutter autant pour s’intégrer là-bas que pour survivre, dans un monde hostile dont il ignore les codes, et où le moindre faux pas peut lui être fatal. Épaulé par Wendy et Jude, ses amies d’enfance avec qui il forme un trio inséparable, il cherchera son chemin parmi les secrets et les fantômes, tout en tombant malgré lui sous le charme de l’intrigant Sohan Crow."
Il y a les fascinantes descriptions des décors, les oppositions terribles et les haines aveugles. Une touche de patriarcat aussi, et la sororité qui y résiste. Il y a du harcèlement, une critique de l'impérialisme britannique, de la cruauté, une communauté entière décimée, des destins beaux mais funestes (argh, cette fin splendido-tragique! bravo d'avoir osé!). Mais il y a aussi des moments volés aux éternités d'étoiles, des amours qui font revivre les mémoires et fondre le givre, des danses aux intensités passionnées.
Coup de coeur pour le club de spitirisme et sa solidarité salvatrice. Pour les personnages de femmes mères et grand-mères mais qui sont encore dans le jeu. Pour les runes, la bibliothèque givrée, le retour des fées, et le chocolat.
Et surtout, chapeau bas pour l'écriture d'Estelle Faye ! Une richesse infinie dans les ambiances, un vocabulaire qui se déploie sans complexe, un talent pour ouvrir le rideau sur des éléments qui relancent l'intrigue. J'y trouvais quelques longueurs au début, puis j'ai plongé. C'était délectable, tragique et fascinant.
Les ombres de Willowthorne, Estelle Faye, éditions Rageot (janvier 2025), 515p., 17,90€, à partir de 14 ans selon Electre fond image: freepik
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