La parole à Gammu pour ce billet!!

 (un deuxième avis, c'est toujours intéressant)

© Casterman 2011 

 Histoire en deux tomes qui nous emmène à la découverte d’un monde parallèle terrifiant, celui de Malice ou quand des idées imaginaires deviennent réelles …

« Au lycée, tout le monde en parle ! Il suffirait d’invoquer le mystérieux Tall Jake pour être emporté dans la BD Malice.

Malice : un univers fascinant mais cauchemardesque, peuplé de créatures terrifiantes ; Seth et Kady en sont convaincus : il ne s’agit que d’une rumeur invraisemblable. Mais quand leur ami Luke disparaît, le cauchemar semble prendre corps. 

Malice (Vous n’en sortirez pas vivant) et Ravage (Abandonnez tout espoir) mettent en scène les aventures de ces deux adolescents et de nombreux autres personnages, aux prises avec l’ignoble Tall Jake. En effet, lorsqu’un adolescent est entraîné dans l’univers de la BD, il en devient un de ses personnages et doit lutter pour survivre. Nombreux sont ceux qui périssent …

Les caractères des personnages laissent peu de surprise mais ces stéréotypes ne gêneront pas des lecteurs adolescents. Cela peut aussi les amener à réfléchir sur l’attrait des hommes pour la violence et le voyeurisme malsain. On suit parfois en parallèle les avancées de plusieurs personnages, donc la lecture n’est pas monotone, même pour un adulte. J’ai aussi beaucoup apprécié l’imagination débordante de Chris Wooding et son bestiaire inquiétant.

source image: http://www.sceneario.com/bd_14727_RAVAGE.html

L'originalité de ces tomes est surtout d'entrecouper le récit sous une forme classique avec des passages de bande-dessinée. Cela m’a vraiment plu car, si les dessins, particulièrement les visages, paraissent sans réel caractère, les pages de bande-dessinée correspondent à ce que les lecteurs de la BD Malice pourraient y lire. Il y a donc un jeu entre la réalité et l’irréel et je crois que ce n’est pas tant la finesse du dessin que les textes en eux-mêmes qui sont intéressants. Si l’auteur n’avait pas utilisé cette astuce, on aurait certainement eu une description (donc beaucoup moins motivante pour le lecteur) de la planche de B.D. de Malice produite.

Je conseille donc cette lecture et cette découverte de Malice !

Pour découvrir l’ambiance, http://www.malice-lelivre.com/

Pour faire connaissance avec l’auteur : http://www.chriswooding.com/the-books/havoc/

© Flammarion 2011

Un ami imaginaire qui ressurgit à l'âge adulte, une spirale infernale troublante

A la sortie de l'adolescence, accro à l'univers des jeux vidéos, David est un geek à l'imagination très fertile. Son quotidien entame un tournant quand il doit passer un entretien pour une grosse boite de conception de jeux, et sa vie pourrait alors pencher vers plus de rencontres, de responsabilités; vers un épanouissement en somme. Mais au même moment il retrouve un ami qu'il avait oublié, celui qui l'accompagnait enfant dans les moments difficiles, et qui s'immisce à nouveau dans sa vie, de plus en plus insidieusement, de plus en plus dangereusement... 

Entre paranoïa, imagination et  schizophrénie, ce roman pour grands ados nous emmène sur des terrains troublants. Le sujet est fascinant, dérangeant et, bizarrement, hyper réaliste. L'auteur qui m'avait habituée à de la SF me surprend dans ce nouveau genre, de manière très efficace. La lecture nous bouscule, nous met parfois mal à l'aise, les rebondissements du scénario nous surprennent et nous laissent déroutés. Je suis juste un peu frustrée par la fin, mais c'est peut être voulu.

en tout cas un roman original, pour les plus vieux de nos jeunes ou pour les vieux encore jeunes...

 Du réel au fantastique, des terres du Québec jusqu'aux mondes fascinants de la Terre des Anciens, une lignée de femmes exceptionnelles affronte des destins terriblement grandioses...

© Editions de Mortagne, Elizabeth Tremblay, couvertures version française

"D'après une légende qui remonte à des temps immémoriaux, régnera sur la Terre des Anciens celui ou celle qui parviendra à retrouver les trônes mythiques de Darius le Sage et de son ennemi juré, le sorcier Ulphydius. Depuis plus de sept siècles, les aspirants au pouvoir sont nombreux et s'affrontent sans relâche. Toutefois, seule une Fille de Lune de la lignée maudite pourrait redresser les torts causés par ses aïeules, responsables de ces luttes sans merci que se livrent des peuples autrefois pacifiques. Mais les descendantes de cette lignée sont toutes disparu. Du moins, semble-t-il... "

Les premières pages du tome 1 s'ouvrent sur la rénovation d'une maison familiale dans une région québécoise tranquille. La narratrice, Naïla, travaille à se reconstruire après un terrible deuil comme elle reconstruit l'habitation. Pourtant, ce qu'elle imaginait comme une parenthèse bénéfique va transformer définitivement son destin, lorsqu'en fouillant les vieux souvenirs son histoire lui sera révélée, et qu'elle prendra la décision de suivre sa destinée.

J'ai adoré ce basculement entre réel et fantastique, d'autant plus surprenant que le premier était véritablement dépeint avec beaucoup de talent. Les émotions de l'héroïne, ses doutes, ses contradictions, ses impulsions, deviennent nôtres inévitablement.

Pas de manichéisme pour cet univers incroyable, mais une écriture fluide et prenante, malgré une somme d'informations et de protagonistes assez considérable. J'ai été absolument emportée par le passage moi aussi, j'ai compatis aux destinées vécues, suspendu mon souffle dans les moments délicats,  soupiré quand le répit est arrivé. 

Pour les deux tomes que je viens de finir, j'aime beaucoup le souci de l'auteur de faire des ses héros des personnages complexes, parfois débordés par leur destin, aux failles touchantes et réalistes, même dans cet univers merveilleux.

Je pense important de jeter un coup d'oeil sur les couv de la version québécoise, parce qu'elles me semblent bien plus adaptées au public cible:

© Editions de Mortagne, Elizabeth Tremblay, couvertures version québécoise

Parce que cette délicieuse madeleine d'heroic fantasy qui mérite largement le détour ne s'adresse pas selon moi aux ados, même si l'éditeur la présente pour un public à partir de 14 ans. Je prendrais plus de précautions et la proposerais plutôt pour les Y.A; jeunes adultes et plus parce qu'affinités, pas pour mes zélèves collégiens donc, même les plus expérimentés. Parce qu'il y a quand même des situations difficiles (viols entre autres) et une densité d'événements et de personnages qu'il faut pouvoir assimiler.

 Des québécismes? Juste assez pour teinter le début du récit d'une ambiance pittoresque (surtout pour les lecteurs qui comme moi ont la chance de connaître la région), mais absolument aucune gêne à la lecture. Et quelle lecture!!!

Il y aura 5 tomes pour cette saga, je suis prête à suivre la route !!!

 Un extrait du tome 1 ici , le site français, et le site québécois

© Kana, Kylooe T.1, par Little Thunder

"Dans les moments difficiles, qui n'a jamais rêvé de s'échapper?"

Lanyue est une jeune ado au quotidien banal. Plutôt mal dans sa peau, en quête d'une place parmi ses pairs et sa famille, elle cherche parfois à retrouver l'insouciance de l'enfance, le cocon rassurant des rêves et des couleurs. Alors quand elle découvre ce disque "Downhearted Dragonfly", avec cette énorme peluche mignonne sur la pochette, quelque chose la pousse à l'acheter, à plonger dans le refuge de son imaginaire, aux côtés de ce doudou douillet qui la calme, la comprend sans mots, l'accompagne dans ses rêves et lui rend la réalité plus claire...elle peut alors prendre confiance en elle, écouter sa voix intérieure, grandir peut être...

 © Kylooe, 2010 Little Thunder/Kana

ATTENTION BIJOU !! Cet album sensible est une explosion de couleurs psychédéliques, efficaces et oniriques. Le scénario n'est pas délaissé, loin de là. Les pages touchent juste, parlent aux émotions. Un manhua pour honorer le syndrome de Peter Pan, pour inciter à laisser s'épanouir nos rêves et nos ambitions profondes, pour clamer haut et fort le pouvoir de l'amitié, pour revendiquer le soutien indéfectible de l'imagination.

© Kylooe, 2010 Little Thunder/Kana

La jeune auteur Little Thunder me bluffe absolument, et je cite ici des propos de cette dessinatrice qui éclairent son trait: "J'aime beaucoup la couleur, et j'aimerais réussir à représenter les rêves. J'essaie de reproduire par la couleur un état de mélancolie ou d'immobilité, tout en y intégrant un peu de chaleur et d'hystérie. Je veux que mes oeuvres dégagent un style où l'obscurité jaillit de la lumière et où la lumière jaillit de l'obscurité".

Je veux un KYLOOE moi aussi! J'ai bien besoin de rêves qui m'emportent et de réconfort en ce moment...

 © Kylooe, 2010 Little Thunder/Kana

Animeland parle de cet album comme "une pure merveille", Manga-news offre une critique dithyrambique et un 19/20, Lael est aussi tombée sous le charme,

...et vous, voulez-vous rencontrer Kylooe?

 © Kylooe, 2010 Little Thunder/Kana