©Le livre de poche août 2012, Jona Raffe
Publiées en 1958, ces chroniques des rêves et ambitions féminines se lisent encore de nos jours!
"Sex & The City" n'a rien inventé, c'est bien Jona Raffe qui a la première mis en lumière un groupe de jeunes femmes new-yorkaises qui se donnaient les moyens d'avoir la vie qu'elles voulaient, de choisir une autre issue que l'inévitable mariage et la batterie de cuisine livrée avec. Attirées par les paillettes glamours de New-York, ces filles cherchent une autonomie loin des fourneaux, un revenu à soi, le choix de leur mari, l'indépendance...pour parfois désenchanter très vite. Toute cette liste de quêtes qui allaient devenir les revendications féministes. Inspiré de sa propre expérience et de son interview sur les femmes qui travaillent, cet ouvrage a été adapté au cinéma dès 1959.
nomadbookslondon.wordpress.com
Dans ce roman au parfum vintage, il est facile de s'attacher aux Caroline, April, Barbara ou Mary-Agnes. Le narrateur les suit séparément, mais elles se croisent toutes dans les bureaux des éditions Fabian. Une véritable armée de secrétaires impeccables, manucurées et ponctuelles, souriantes mais aussi accros aux potins, désireuse de choisir l'amour plutôt que les arrangements choisis par les parents, victimes de harcèlement de la part de leur boss et confrontées au plafond de verre dans leurs carrières professionnelles. Dans les bureaux des magazines, la vie de chacune ne reste pas secrète bien longtemps...
Derrière la couverture pin-up, l'intrigue n'est pas révolutionnaire (pour nous, lecteurs actuels, parce qu'à l'époque l'écrire devait déjà être un gros changement); on ne fait que suivre les vies des filles du bureau. Mais on trouve aussi dans ces pages l'énergie d'un féminisme naissant, le tourbillon de fêtes folles, le suranné ou le sulfureux des relations de l'époque, et un charme à la Mad Men, (ci-dessous le clin d'oeil de la série à ce roman):
picklemethis.com
Divertissant et plein de charme, ce roman aux gentilles allures de happy-ends raisonnables et respectables pour certaines n'en reste pas moins édifiant et véridique. Comme autant de chroniques révélatrices d'une époque aux codes archaïques. Parce qu'il passe parfois par la caricature, ce texte doit être replacé dans son contexte, au risque de prendre en pitié ces femmes parfois trop naïves et ingénues (mais d'autres sont de farouches battantes). Lire ce livre pour plonger dans le passé, pour faire le plein de rétro, pour mesurer le parcours et apprécier la liberté.