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Romans adultes - Page 20

  • Presque la mer, Jérôme Attal

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    © Hugo & cie mai 2014, Jérôme Attal

    Et s'il y avait la mer ?

     Quand la supercherie amène un vent nouveau...

    Un village qui subit la désertification médicale, ça ne fait vraiment envie comme pitch de roman. Sauf quand ce village nommé Patelin décide de faire croire à un jeune médecin que leur commune se situe au bord de mer. Une idée loufoque, qui va provoquer bien des situations cocasses...et plus si affinités!

     "Aujourd’hui les jeunes docteurs fraîchement diplômés sont terriblement exigeants sur leur cadre de vie. Qu’à cela ne tienne, le village tout entier va se mobiliser autour d’une idée poétique : faire croire qu’à Patelin il y a la mer. Et que l’on vit toute l’année en maillot de bain.
     À vrai dire, la seule personne à ne pas vouloir jouer le jeu, c’est Louise, la fille du facteur. Elle, depuis son adolescence, elle rêve de quitter Patelin. Elle vient d’ailleurs de faire un aller-retour à Paris, pour participer au casting d’une émission de télé-crochet. Mais l’aventure a tourné court. Et voilà que son retour au village est vécu comme une punition. Mais ça, bien sûr, c’était avant que tout le monde s’emballe pour l’idée de la mer !"

    Dans ce petit roman feel-good, l'imagination et la douce folie des habitants est communicative. Les lumières du show business ou les effluves de bord de mer s'évanouissent par la grâce d'une supercherie surréaliste aux allures d'un film de Tati. Et apparaissent alors des valeurs fortes de solidarité et d'amour. 

    Jérôme Attal est un artiste aux multiples talents, écrivain, scénariste, parolier, il joue des supports pour distiller des histoires pleines de poésies et fantaisie.

    Un bon petit roman pour sourire et faire le plein d'oxygène!

    EDIT: bientot dans les salles: "Un village presque parfait", qui suit la même intrigue, et d'après JulieGraveIR je crois que c'est une adaptation de "la Grande séduction" film québécois ;)

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  • La confrérie des moines volants, Metin Arditi

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    prix du meilleur roman points

    ©Points, septembre 2014, Metin Arditi

    Roman en deux temps pour un hommage à l'Histoire de la Russie

    "1937. Le régime soviétique pille, vend et détruit les trésors de l'Eglise russe. Il ferme plus de mille monastères. Des centaines de milliers de prêtres et de moines sont exécutés. Les plus chanceux s'échappent, vivant cachés dans les forêts.
    Voici l'histoire de Nikodime, qui, avec l'aide d'une poignée de moines-vagabonds, tente de sauver les plus beaux trésors de l'art sacré orthodoxe. Où l'on rencontrera un ancien trapéziste, un novice de vingt ans et quelques autres fous de Dieu. De l'avant-guerre à nos jours, de la Russie bolchévique à la Moscou des milliardaires et des galeries d'art, l'étourdissante histoire de quelques hommes de courage.
    Et puis, bien sûr, il y a Irina. Elle fuit l'Enfer, traverse l'Europe, arrive à Paris, change d'identité... Elle est au cœur de cette lumineuse histoire de résistance et de rédemption."

     

    Le titre énigmatique trouve vite son explication dans la première partie de ce livre. Dans celle-ci on découvre une communauté fervente, menée par un fou de Dieu tourmenté mais grandiose qui sauve des trésors de l'art sacré orthodoxe. Ces moines portés par la foi ont tous des passés lourds mais ils rivalisent de courage et d'acrobaties périlleuses. Dans sa quête de rédemption, la communauté est émouvante.
    La seconde partie illustre la puissance des souvenirs, quand la mémoire des actes courageux de ces moines se trouve mêlée au destin actuel d'un personnage en quête d'identité: Mathias, photographe parisien perdu dans les mondanités. A la mort de son père il se découvre des racines russes, et un lien avec le fameux Nikodime.. Suivant le fil des indices, on remonte alors jusqu'aux dernières traces de la compagne du moine, et avec eux, des trésors sauvés. De rédemptions en découvertes, de liens père-fils en histoire nationale, les nœuds se dénouent, non sans graves conséquences parfois.
    Ces deux parties équilibrent un roman qui aurait été trop grave pour moi sans son deuxième volet plus lumineux. J'aurais aimé suivre davantage les personnages de cette seconde partie d'ailleurs; Mathias et Polia qui l'accompagne dans cette quête difficile, entre tensions politiques et souvenirs tragiques.
    J'ai aimé plonger dans l'Histoire restaurée, et découvrir cet épisode peu connu quand le régime soviétique pilla les trésors de l'église russe. Cette saga majestueuse et tragique est teintée de l'or des icônes et du sang des résistants au régime. Assez bouleversant, même si le personnage trouble de Nikodime donne parfois des frissons dans le dos et que j'aurais aimé bien plus de développements dans la seconde partie qui semble parfois ébauchée. Dommage.
     
    L'interview de la librairie Dialogues:
     
    C'est un roman lu en tant que juré pour le prix du meilleur roman des lecteurs de Points 2015. 

     

    Prix du meilleur roman des lecteurs de Points

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  • Sous les couvertures, Bertrand Guillot

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    ©Rue Fromentin septembre 2014, Bertrand Guillot

    Quand le rideau est fermé, les livres dansent et bagarrent dans un conte hommage au monde des librairies.

    "Un samedi soir, une librairie de quartier. Comme toutes les nuits, sitôt le rideau tombé, les livres s’éveillent et se racontent leurs histoires… Mais ce soir, l’heure est grave : les nouveautés viennent d’arriver, et les romans du fond de la librairie n’ont plus que quelques jours pour trouver un lecteur ! Pour sortir par la grande porte, il leur faudra s’unir et prendre la place des best-sellers solidement empilés près de la caisse. Autant dire qu’ils n’ont pratiquement aucune chance…"

     Quelle jolie idée que ce conte moderne sur le monde du livre, et sur les intrigues d'alcôves des étagères d'une librairie où la bataille fait rage pour échapper au pilon! Pour tous les curieux qui souhaiter assister au ballet des livres, comme les jouets s'animent dans "Toy Story", et savoir ce qu'ils pensent, ce qu'ils ressentent, comment ils vivent les valses hésitantes des mains des potentiels acheteurs-lecteurs, quel regard ils portent à cette liseuse numérique, quelles alliances ils tissent entre premiers romans et best-sellers, classiques et nouvelles. Le tout tissé d'humour fin. Entre les différentes phases du complot héroïque des romans du fond de la libraire, le lecteur découvre en alternance les vies du libraire passionné-mais-un-peu-dépassé, de sa jeune libraire pleine-d'idées-pour-perdurer-dans-ce-secteur-en-mutation, des auteurs en dédicaces qui se découvrent et plus parce qu'affinités....C'est un kaléidoscope des acteurs de la chaîne du livre, au plus près de leurs ressentis, leurs espoirs et leurs déceptions dans un marché délicat, difficile mais toujours passionnant. L'intrigue prend place au moment de la rentrée littéraire, et c'est un délice que de vivre cette effervescence de l'intérieur, elle qui peut être sublime mais aussi cruelle.

    Plein de poésie, de références et d'amour pour les textes et ceux qui les font vivre, ce roman est presque un reportage engagé en faveur de la littérature. Je regrette certaines longueurs dans la bataille de papier dans la libraire, alors que j'aurais aimé davantage suivre les personnages de chair et d'émotions, notamment ces auteurs aux gloires diverses, aux egos en tension quand les lecteurs défilent devant leurs pupitres en salons.. Mais si Bertrand Guillot voulait rallier à sa cause les amoureux du livre pour raviver la flamme, c'est un pari gagné: j'ai envie de l'offrir à mes libraires, je leur en ai d'ailleurs déjà parlé, et ils avaient les yeux pétillants! ;)

    Les amoureux des livres se délecteront de cette immersion au cœur des pages !

    C'est une lecture des #MRL14 , les matchs de la rentrée littéraire 2014 ou prix littéraire des blogueurs , organisés par Price-Minister-Rakuten (sélection de Stephie):

    C'est aussi une lecture qui rentre dans le challenge du 3% de la rentrée littéraire !

    challenge rl jeunesse 

    14/18 livres parus entre mi-août et mi-octobre 2014

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  • L'élégance du hérisson, Muriel Barbery

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    © Folio Gallimard 2009, Muriel Barbery

    Plume acérée et authentique pour une histoire piquante et parfois douce des solitudes

    Il est de ces romans tellement médiatisés qu'on souhaite les mettre de côté "pour plus tard". J'avais donc noté, trouvé et soigneusement isolé sur un coin de ma bibliothèque "L'élégance du hérisson", sentant qu'il me fallait le lire loin de l'effervescence médiatique de sa sortie portée en triomphe. (combien de rééditions déjà? 30?) Quelques années plus tard, je suis bien heureuse d'avoir pris le temps d'aborder ce roman.

    «Je m'appelle Renée, j'ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j'ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l'image que l'on se fait des concierges qu'il ne viendrait à l'idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants. 
    Je m'appelle Paloma, j'ai douze ans, j'habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c'est le bocal à poissons, la vacuité et l'ineptie de l'existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C'est pour ça que j'ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai.»

    Dans cet immeuble rue de Grenelle, le quotidien est raconté à travers les yeux et les écrits de ces deux figures complémentaires. La première s'évertue à masquer son esprit flamboyant derrière une apparence terne et stéréotypée, la seconde à peine adolescente semble déjà avoir fait le tour de ce que peut offrir la vie et chronique ses ultimes pensées. Quand débarque un nouvel habitant, le fascinant M.Ozu, leurs plans respectifs vont être bouleversés.

    L'écriture de Muriel Barbery est intelligente (très), sensible et parfois élitiste (trop?). Lutte des pauvres et des riches, de l'intelligence du cœur et de l'esprit, philosophes contre poubelles à descendre, les chocs sont nombreux dans cet immeuble. Mais cette même écriture est également juste et absolument poétique par moments. Comme dans ces incursions japonaises qui apportent la légèreté que l'histoire n'a pas. Drôle, intuitive et fine pour décrire la psychologie des gens, mais jamais mièvre. Parce que si cette chronique a des accents émouvants-qui-rapprochent-les-gens à la Anna Gavalda, elle ne laisse pas de place au happy-end ni aux bons sentiments aveugles. Quelle fin, quelle chute tragiquement réaliste, comme celle d'un hérisson qui aurait voulu traverser la route pour modifier sa destinée...

    J'ai donc été séduite (par la beauté de l'histoire), attachée (aux deux héroïnes farouches et fragiles à la fois), abasourdie (par certains passages trop doctes pour moi mais surtout par cette fin tristement réaliste), bref, je ne regrette en aucune façon cette lecture qui ne laisse pas indifférent. Une petite leçon de vie, une invitation à dépasser les apparences.

    J'ai aimé (et ce n'est pas systématique) lire les avis de Libération et Télérama sur ce roman. 

    La bande-annonce du film librement inspiré de ce roman, sorti en 2009: (et que j'aimerais bien voir, tiens)