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Romans adultes - Page 23

  • La Belle et La Bête, Madame de Villeneuve

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    ©Folio Gallimard 2010, Madame de Villeneuve

    L'original d'un conte de fée qu'on ne connaît pas si bien que ça...

    Avec mon super club de lecture lillois L'île au livres, j'ai lu "La Belle et la Bête".  J'avais en tête des chandeliers et théières qui chantent, il n'y en a pas dans le conte original. ;) Mais ça vaut le coup de replonger aux sources de cette histoire remise récemment au goût du jour avec le film de Christophe Gans.

    Première partie du conte:

    Belle est une jeune fille charmante qui fait face à la disgrâce de sa famille avec courage, illuminant le quotidien de son père quand ses propres sœurs se désespèrent de leur sort. De retour d'un voyage, le père échappe de peu à la mort et ne doit la vie qu'à un manoir enchanté dans lequel il a été hébergé et nourri. Parce qu'il a cueilli une rose pour Belle dans ce domaine magnifique, le maître des lieux le condamne toutefois à mourir. Ce maître en question est un monstre effrayant. Mais Belle se sacrifie pour son père et échange sa vie contre la sienne. Une fois au château elle fait jour après jour la connaissance de ce monstre qui répond à ses moindres désirs. Mais la nuit elle rêve d'un charmant jeune homme qui semble bien énigmatique... Son cœur loyal aura raison d'un sortilège et le charmant jeune homme qui n'est autre que le monstre -vous l'aviez deviné, on sait- l'épousera comme il se doit.

    Deuxième partie du conte:

    Les fées qui sont à l'origine de toute chose en conte de fée lèvent le voile sur le sortilège qui a touché le monstre et sur les origines nobles de Belle. (ça c'était une sacrée surprise, bien pratique pour respecter la bienséance "on ne mélange pas les torchons et les serviettes", les princes n'épousent que les princesses, peu importe qu'elles en aient ou pas dans la cervelle et dans le cœur).

    Un peu d'infos from Wikipédia sur la genèse du conte:

    "Il apparut pour la première fois en France sous la plume de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve, en 1740, dans un recueil de contes, La Jeune Américaine et les contes marins, publié anonymement, où différents passagers d'une traversée maritime se racontent des histoires pour passer le temps. Il ne connut véritablement la célébrité que lorsqu'il fut abrégé et repris par Jeanne-Marie Leprince de Beaumont dans son Magasin des enfants en 1757. Cette dernière supprima, en particulier, toute la seconde partie, où Madame de Villeneuve relatait la querelle des fées expliquant l'origine royale de la Belle. C'est sur cette version que sont basées la plupart des adaptations ultérieures."

    Une jolie lecture au style classique (il faut aimer le langage) pleine de merveilleux, de maléfices et jalousies, de princesse sans défaut et de "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants". Une seconde partie intéressante mais parfois un peu alambiquée à mon goût, entre les princes de différentes générations et les fées je me suis parfois emmêlée. (parce que tout ça s'étale sur de très nombreuses années, on a le temps dans le pays des contes de fées). Un regret que la partie deux se perde dans des longueurs donc, que l'héroïne ne soit finalement pas la simple jeune femme au grand cœur mais bien une princesse 100% d'origine contrôlée, comme le voulaient les codes de l'époque.

    Pour feuilleter le livre chez Gallimard, c'est

    Les avis de Dawn, Myprettybooks, Unetassedeculture, Pedro, Laety...

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  • Lecture à l'aveugle 2/2, révélation!!

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    Et une fois le papier déchiré....

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    Mon livre-mystère était "Orgueil et désir" de Myriam Thibault, aux éditions Léo Scheer! Cette jeune auteur qui m'est absolument inconnue fait apparemment des débuts bien remarqués. Voir son site. Elle se présente comme "Sorbonnarde, écrivain, musicienne, et rédactrice en chef de la Revue Littéraire des Editions Léo Scheer", et à la lumière de cette présentation et des écrits sur elle, je comprends mieux le côté "chic et distant" de son roman écrit en 2011. Je n'aurais jamais ouvert ce livre sans l'opération "lecture à l'aveugle", et ça aurait été bien dommage de me priver de cette découverte.

    Je n'ai toujours aucune idée de mon expéditeur mystère qui m'a laissé une carte aux oiseaux comme seul indice...

     

  • Beignets de tomates vertes, Fannie Flagg

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    ©Editions J'ai Lu août 2009, Fannie Flag

    Chronique savoureuse de l'Alabama; humour, liberté, tolérance et vie en communauté.

    «Un sacré numéro, Idgie ! La première fois qu'elle a vu Ruth, elle a piqué un fard et elle a filé à l'étage pour se laver et se mettre de la gomina. Par la suite, elles ont ouvert le café et ne se sont plus jamais quittées. Ah ! les beignets de tomates vertes du Whistle Stop Café... J'en salive encore !» Au sud de l'Amérique profonde, en Alabama, un café au bord d'une voie ferrée... Ninny, quatre-vingt-six ans, se souvient et raconte à Evelyn les histoires incroyables de Whistle Stop. Et Evelyn, qui vit très mal l'approche de la cinquantaine et sa condition de femme rangée, découvre un autre monde. Grâce à l'adorable vieille dame, elle peut enfin se révéler, s'affirmer... Une chronique nostalgique et tendre, généreuse et colorée, pleine de saveur et d'humour. Un baume au coeur, chaud et sucré.

    Quelle belle lecture que ce roman! En 1985, Evelyn est une femme au foyer gourmande, délaissée et déprimée. Elle est contrainte d'accompagner son mari régulièrement pour rendre visite à sa belle mère à la maison de retraire de Rose Terrace.  Ninny y est une octogénaire loquace, malicieuse et surtout ravie de pouvoir partager avec elle ses pétillants souvenirs de la ville de Whistle Stop où elle vécut soixante ans avant. Les deux femmes vont se retrouver régulièrement et se rapprocher à grands renforts de souvenirs de l'une et de pâtisseries de l'autre... Mise en abyme, cette première histoire est ensuite fondue dans le récit des chroniques de la petite bourgade d'Alabama dans les années 1930. Récit centré autour d'un duo de femmes extraordinaires et de leur rayonnement sur toute la communauté. L'intrigue est tenue par un mélange de narrations: des extraits de la bienveillante gazette de Weems, des anecdotes du Whisle Café, des rapports de diverses publications ou institutions, et les retours réguliers en 1985 à la maison de retraire et au quotidien de Ninny et Evelyn. L'ensemble est parfois dépareillé et ne respecte pas toujours la chronologie, mais le lecteur ne se perd pas, curieux et attentif comme Evelyn, guidé par les figures-phares d'Idgie et de Ruth, porté par la générosité et la fantaisie de la communauté, dans un contexte économique et politique pourtant bien triste et intolérant.

    Un roman feel-good à déguster, une saga qui nous plonge en Alabama et nous fait respirer les parfums de cuisine d'un petit café près du chemin de fer...

    La bande-annonce du film :

     

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  • Billie, Anna Gavalda

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    ©Le Dilettante novembre 2013, Anna Gavalda

     Derrière l'hallucinante couverture et l'exercice de style rebelle et provocateur, il y a quand même une histoire de liberté...

    "Franck, il s’appelle Franck parce que sa mère et sa grand-mère adoraient Frank Alamo (Biche, oh ma biche, Da doo ron ron, Allô Maillot 38-37 et tout ça) (si, si, ça existe…) et moi, je m’appelle Billie parce que ma mère était folle de Michael Jackson (Billie Jean is not my lover / She’s just a girl etc.). Autant dire qu’on ne partait pas avec les mêmes marraines dans la vie et qu’on n’était pas programmés pour se fréquenter un jour…

    Non seulement Franck et Billie n’étaient pas programmés pour fredonner les mêmes refrains, mais en plus, ils avaient tout ce qu’il faut en magasin pour se farcir une bonne grosse vie de merde bien ficelée dans la misère – misère physique, misère morale et misère intellectuelle. Vraiment tout. Et puis voilà qu’un beau jour (leur premier), ils se rencontrent.

    Ils se rencontrent grâce à la pièce On ne badine pas avec l’amour d’Alfred de Musset. Billie a été tirée au sort pour jouer Camille et Franck, Perdican.

    À un moment, dans cette scène qu’ils doivent apprendre par cœur et déclamer devant les autres élèves de leur classe, Camille lance à Franck : Lève la tête, Perdican ! et à un autre, un peu plus loin, Perdican finit par avouer à Billie : Que tu es belle, Camille, lorsque tes yeux s’animent ! eh bien voilà, tout est là et tout est dit : ce livre ne raconte rien d’autre qu’une immense histoire d’amour entre deux vilains petits canards, lesquels, à force de s’obliger mutuellement à lever la tête et à se rappeler l’un l’autre qu’ils sont beaux, finissent par devenir de grands cygnes majestueux.

    En fait, on dirait du Cyrulnik, mais en moins raffiné. Là où Boris aurait employé les mots « gouffre » ou « résilience », Billie, quand elle est heureuse, lâche en ricanant : Et tac. Encore niquée, la vie.

    Bah… À chacun, ses maux et sa façon de les écrire…"

    Pour plonger dans cette histoire, il faut d'abord détacher son regard de cette illustration psychédélique d'un âne batifolant en couverture. "Mais si, je t'assure qu'il y a un rapport avec l'histoire, vas-y, tu verras il est  bien" dixit une amie que je suivrais les yeux fermés. Et puis il y avait eu ce billet de Sita qui avait titillé ma curiosité. J'y suis allée, donc, j'ai tourné la première page.

    Et là, je me suis pris le plein fouet le ton trash et le vocabulaire cru de Billie. Ladite Billie est tombée dans un trou avec son ami Franck et elle parle aux étoiles en espérant des secours. Pour entretenir la conversation, elle se met à raconter leurs parcours plus que chaotiques, leurs vies cabossées et leurs quotidiens d'écorchés vifs. Rien n'est édulcoré, le sordide côtoie la misère et l'injustice.

    Une étincelle de bonheur balafre tout ce gris: la représentation d'une pièce de théâtre, "On ne badine pas avec l'amour", qui a allumé l'étincelle en eux et a regonflé leurs egos et leurs espoirs. ( profs de français, remontez-vous le moral en lisant ce livre, on passe du langage très moche aux vers les plus célestes, et on se dit que le théâtre peut parfois sauver des vies. C'est cliché, mais c'est beau. ).

     Comme Billie, l'auteur secoue ses lecteurs, entière et sans concessions, violente et enragée. Pour défendre la liberté, pour mettre en lumière des destins qui se sauvent de leur noirceur à la force du français et de l'amour, ou juste par provocation? Les critiques ont été très enflammées sur ce roman, acides ou flatteuses. Si j'ai haussé les sourcils bien des fois j'ai également été touchée par les récits de vie des deux vilains petits canards. Difficile de ne pas l'être ceci dit, puisque tous les moyens sont bons pour nous attendrir, parfois même à l’écœurement. Des facilités répondent à des passages dramatiques et la caricature flirte avec bien des pages. Je préfère garder en mémoire les autres écrits de l'auteur, en même temps je comprends que l'exercice de style réussit à déranger, à secouer, à toucher au cœur et je suis épatée. Mais maintenant que je comprends enfin cette invraisemblable illustration de couverture, je vais pouvoir passer vite à autre chose. Peut être au nouveau titre de l'auteur qui sort le 12 mars, "La vie en mieux"? Mieux, c'est prometteur  ;)

    Un roman risqué, brut de décoffrage, qui casse l'image d'une romancière sans accrocs. Une histoire forte qui peut émouvoir ou exaspérer, qui ne laisse pas indifférent et qui vous fera voir les ânes d'une autre façon...

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