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Romans adultes - Page 27

  • Les pères et les mères sont des humains comme les autres, par Paul Mesa

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    ©Albin Michel mars 2013, Paul Mesa

    Roman poétique aux arômes de saudade,

    de café et d'histoires d'amour

    "Bianca, une petite femme de chambre que tout le monde appelle Bica – le nom d’un café portugais bien serré – a deux rêves : faire un enfant pour que sa mère Maria Teves, récemment décédée, aille au ciel, et découvrir l’identité de son père, qu’on lui a toujours cachée. Mais rien ne se passe comme prévu : Maria réapparaît, morte et pourtant fraîche comme un gardon, et l’homme que Bica a choisi comme père de son enfant se dérobe. Il est trop beau, trop riche, et beaucoup trop marié. Les péripéties qui s’ensuivent, et qui mèneront Bica jusqu’à Lisbonne, se mêlent au récit d’une enfance nomade, où sa mère l’entraînait de ville en ville au rythme de ses amours improbables…"

    J'ai été séduite par ce premier roman tendre et charmant mais aussi touchant et parfois piquant de réalisme dans les émotions décrites et la galerie de personnages dépeinte. Bica nous ouvre les portes des chambres de l'hôtel, mais aussi celles de son histoire personnelle, de ses aspirations romantiques, de ses sombres secrets.

    J'ai beaucoup aimé les petites parenthèses sur chaque personnage, parenthèses présentant leur taille et goût en matière de café, un peu à la manière d'Amélie Poulain. D'autres touches de fantaisie ponctuent le roman qui est pétillant de quiproquos et de maladresses, mais possède aussi ses moments plus graves, plus lourds.

    Les chapitres alternent un point de vue extérieur et le carnet secret de Bica qui raconte sa vie à son père absent. Très complexée, aveuglée par un amour fantasmé, perturbée par la perte de sa mère, entière et vive comme la fille de Lisbonne qu'elle est finalement, Bica est absolument attachante, imparfaite, dévouée, avec un grain de folie particulier. Heureusement la réalité la rattrape, d'autres vont finalement lui ouvrir les yeux, son image faussée de l'amour sera chamboulée. Lors d'un périple final romanesque à souhait dans la magnifique Lisbonne, Bica apprendra à pardonner, à accepter, à aller de l'avant.

    Un roman sucré mais aussi puissant et très agréable!

  • Un été sans les hommes, de Siri Hustvedt

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    Babel, Actes Sud mai 2013, Siri Hustvedt

    Où comment parler de folie, d'attachement, de séparation et du temps qui passe avec humour et finesse. Regard tendre, écorché et attentif pour écrire la solidarité entre femmes.

    Mia la poétesse était mariée à Boris le neuroscientifique. Mais celui-ci s'est mit en mode "pause" avec une jeune française. Immense choc. Mia traverse alors un épisode de folie et décide à sa sortie d'hôpital de se réfugier près de sa mère pour l'été. Pendant cette saison lumineuse, elle va côtoyer différentes générations de femmes et doucement retrouver un équilibre. Entre les pensionnaires de la maison de retraite où elle rend visite à sa mère, le groupe d'adolescentes pour qui elle anime un atelier de poésie et sa jeune voisine, mère dévouée au mari difficile, Mia écoute, oberve et tisse des liens, elle devient de plus en plus consistante, elle retrouve des certitudes. Elle se retrouve en s'ouvrant aux autres.

    La narratrice alterne les moments de récits, les appartés directes au lecteur, la conversation en pointillés avec son mari qui n'a pas dit son dernier mot, des extraits d'un récit sur sa vie sexuelle, les séances téléphoniques avec sa psy, le contact avec sa fille ou un mystérieux correspondant anonyme. Ce mélange déjà étourdissant s'alourdit encore de digressions. Le texte comprent en effet de nombreux extraits littéraires, poétiques, philosophiques ou même scientifiques. Mais la conversation reste éveillée, directe, et l'auteur est attentive à garder le lecteur à ses côtés avec des détours inattendus par l'humour et l'irrévérence. On se pose avec elle des questions sur les répétitions, les romans de Jane Austen et la pression paternelle. On joue à la poupée. On s'attache à ces vieilles dames émouvantes qui font face à la vieillesse ou à des jeunes filles  fragiles, cruelles et pleines d'espoirs à la fois. On accompagne Mia dans son parcours jalonné dans le texte de quatre illustrations comme autant d'étapes dans la reconstruction. On touche du doigt le pouvoir consolateur de l'écriture et du soutien entre femmes.

    Si l'on n'abandonne pas la lecture, si l'on n'abandonne pas Mia en cours de route, l'histoire finit bien, le lecteur (la lectrice?) est ravi, voire apaisé. Et même si parfois je sentais mes épaules bien lourdes devant tant de pistes, je n'ai pas abandonné! ;) (Mais je conseille du temps et du calme à ceux qui tentent l'aventure, et j'imagine bien que les digressions peuvent lasser.)

    Siri Hustvedt est une féministe qui a elle-même été professeur d'écriture dans un établissement psychiatrique, qui a étudié les neurosciences, la philosophie et la poésie. Qui est aussi la femme d'un homme célèbre (qui lui fait peut être de l'ombre?) C'est surtout ici l'auteur d'un roman d'abord blessé puis optimiste sur une résurrection au carrefour de différentes générations, dans le sein des femmes.

    "rien n'est répété exactement, même les mots, parce que quelque chose a changé dans celui qui parle et dans celui qui écoute, parce qu'une fois les mots dits et puis redits encore, la répétition elle-même les altère "


    Siri Hustvedt - Un été sans les hommes par Librairie_Mollat

  • Mon doudou divin, de Katarina Mazetti

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    ©Babel mai 2013, Katarina Mazetti

    Fausse légèreté pour vraies questions, crise de foi, prétexte en bois et retraite spirituelle


    "Pigiste pour la presse féminine, Wera tombe sur une petite annonce proposant un stage en spiritualité. Un sujet en or ! C’est parti pour trois semaines d’immersion à La Béatitude, en compagnie de personnages hauts en couleur… Ressortiront-ils adeptes d’une nouvelle religion ou débarrassés de leurs préjugés ? Tous en tout cas ont besoin de sacré, comme d’un doudou divin à dorloter"

    En lisant la 4ème de couverture on pourrait s'attendre à un texte un peu girly, un peu piquant, voire ironique sur les croyances. Si les situations cocasses décrites par Wera apportent une dose d'humour indéniable, il y a de la sensibilité et de réelles questions derrière le vernis. La journaliste infiltrée à La Béatitude est prise à son propre piège et devra faire face à des sentiments inattendus. Les points de vue alternés de Wera et d'une autre stagiaire au passé trouble sont complémentaires et bien trouvés.

    Les aspirations et croyances de chacun des stagiaires offrent un panel assez large et intéressant, le huis-clos de la retraire spirituelle permet aux personnalités de s'épanouir, les failles et richessses de chacun apparaissent. Si certains passages sont parfois longuets et trop évidents, le tout est agréable et on se surprend à vouloir consoler, secouer ou secourir tel ou tel personnage. En quête de spiritualité tout autant que de liens humains, les stagiaires cherchent surtout les occasions de se réchauffer les uns aux autres, même quand les opinions divergent. Et le lecteur aussi, finalement....

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    J'ai lu d'autres livres de cet auteur, dont son plus grand succès que j'avais préféré: le mec de la tombe d'à côté

  • Druide, par Olivier Peru

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    ©Eclipse 2010, Oliver Peru

    Roman envoûtant de fantasy sombre, entre policier et fantastique

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    "  Les druides règnent sur une forêt primordiale et sacrée sise au coeur du monde. Détenteurs d'une sagesse millénaire, ils sont les gardiens du Pacte Ancien, dont le respect garantit la paix entre les peuples. Mais un crime de sang d'une violence inouïe met en péril le fragile échiquier politique des royaumes du Nord. Le druide Obrigan, aidé de ses deux apprentis, ne dispose que de vingt et un jours, pas un de plus, pour élucider les circonstances du drame, faute de quoi une guerre totale éclatera. Et tandis que le compte à rebours tourne, chaque lune apporte son lot de nouveaux cadavres, l'entraînant toujours plus loin dans l'horreur..."

    Ce roman a fait le buzz sur la toile et dans les magazines à sa sortie (et évidemment j'étais passée à côté).

    Mon club de lecture L'île aux livres a eu l'excellente idée de le proposer pour le mois de février et j'avoue que ça a été pour moi un gros coup de coeur.

    Je ne vous propose pas de résumé perso, parce que l'intrigue est dense, les fils nombreux à démêler, et les personnages très riches. On y serait encore dans trois pages. Je vous dirais quand même que les 21 chapitres (comme les 21 jours donnés à Obrigan pour résoudre l'enquête) passent à une vitesse folle et que la taille du livre ne doit pas décourager.

    J'AI AIME: le format "one-shot" d'une histoire qui a une fin, assez rare dans ce genre fantasy. l'ambiance mystique d'un univers complexe dont on découvre la hiérarchie, l'histoire et la géographie, les codes, les sombres secrets et surtout l'ordre druidique si passionnant...  le personnage d'Obrigan, qui me fait furieusement penser à un certain "Obi Wan", dans son attitude solitaire mais altruiste et dévouée, son attachement à ses apprentis, ses ressources intellectuelles, sa grande intelligence et sa malice.

    J'AI MOINS AIME:  l'abandon très frustrant de certains personnages auxquels on s'attache et dont on n'a plus de nouvelles ensuite jusqu'au dénouement (mais où es tu, Tobias? et surtout toi, Kesher?), les effets de flashback pour des révélations qui sont parfois déséquilibrées (tout d'un coup, mille infos surgissent en deux pages).

    C'est en tout cas un superbe récit au rythme soutenu et à l'intensité forte, qui met en scène des héros à la psychologie finement travaillée.

    Olivier Peru a laissé tomber un -i de son prénom au passage pour signer ce (gros) roman.

    Les éditions J'ai Lu le rééditent en 2012

    Une interview de l'auteur sur d'autres oeuvres et projets sur Krinein: