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Romans jeunesse - Page 103

  • Nox, par Yves Grevet

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    ©Editions Syros 2012, Yves Grevet

    La nouvelle saga dystopique d'Yves Grevet, attendue avec impatience, à la couverture encore une fois très réussie. Mais qu'en est-il du contenu?

    "Dans une ville basse enveloppée d’un brouillard opaque – la nox –, les hommes sont contraints de pédaler ou de marcher sans cesse pour produire leur lumière. Comme l’espérance de vie y est courte, la loi impose aux adolescents de se marier et d’avoir un enfant dès l’âge de dix-sept ans. Lucen a peur de perdre celle qu’il aime, la rebelle Firmie, qui refuse de se plier à la règle. Il sent aussi ses meilleurs amis s’éloigner de lui. L’un d’eux, Gerges, s’apprête à rejoindre la milice qui terrorise les habitants, un autre, Maurce, un groupe hors-la-loi. C’est l’heure pour Lucen de faire des choix qui détermineront toute son existence. Au même moment, dans des territoires épargnés par la nox, la jeune Ludmilla ne se résigne pas au départ forcé de Martha, la gouvernante qui l’a élevée, injustement renvoyée par son père. Elle décide de tout tenter pour la retrouver."

    Une très grande aventure, avec une atmosphère oppressante qui accroche le lecteur, des tensions sociales et une rébellion qui couve, j'ai  retrouvé dans ces pages le cocktail qui avait fait le succès de son célèbre "Méto". Ici l'intrigue est tout aussi originale, les rebondissements surprenants, les passages violents et d'autres émouvants martèlent un rythme très entraînant. On se surprend à échaffauder des suppositions, à retenir son souffle, à envisager le pire et espérer le meilleur, on s'attache aux héros dans leur quête de liberté.

    MAIS. Oui, il y a un grand "mais" dans ma lecture. D'abord avec ce choix un peu compliqué de retirer une lettre aux prénoms des habitants de la ville basse. Une symbolique de dégradation intéressante, certes, mais des résultats déstabilisants qui rendent la lecture à voix haute assez accrobatique par moments. [essayez, vous, d'enchaîner les "Gerges, Alponse, Snia et autres Maurce ou Clude", sans avoir tendance à naturellement recoller la lettre manquante ]. Petite anecdote, mais qui gêne déjà un peu.

    Ensuite et surtout, il y a cette alternance de points de vue selon les chapitres, et pas seulement héroïne-héros [les féminins nous aideraient à nous repérer], mais de trois personnages à la suite, et dans une chronologie qui parfois se suit, parfois opère des retours en arrière pour présenter le même événement avec des regards différents et des informations nouvelles. Encore une fois une stratégie astucieuse, une alternance de voix narrative qui élargit les champs de vision, mais un exercice de compréhension qui laissera sur le carreau bien des jeunes (et moins jeunes) lecteurs.

    Pour résumer, ce premier tome est fantastique, son intrigue est sombre, passionnée et révoltée comme on l'aime. Mais sa lecture se mérite et on doit s'accrocher comme ses héros doivent survivre au quotidien. Fans de Méto, plongez-y, vous ne serez pas déçus, mais armez-vous de courage et de patience pour échapper au brouillard et vivre l'aventure jusqu'au bout!!

     

  • Madame Pamplemousse et ses fabuleux délices

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    ©Albin Michel jeunesse, Rupert Kingfisher

    Une histoire délicieuse de recette secrète, une pincée de fantastique, de l'humour, des illustrations magnifiques, la collection Witty signe là un vrai petit bijou pour les jeunes lecteurs ados!

    "Madeleine travaille chaque été au Cochon hurleur, le restaurant de son oncle, Monsieur Lard. Mais bien qu'elle soit une excellente cuisinière, il ne lui laisse que la plonge à faire. Un jour, elle découvre la boutique de Madame Pamplemousse, où celle-ci vend des mets venus d'un autre monde : salami de Minotaure, bacon de ptérodactyle, cervelles de cobra au beurre noir..."

    Ce roman se déguste d'une traite, et nous fait voyager vers une atmosphère de cuisine française à la "ratatouille" dans un Montmartre pittoresque, avec des personnages hauts en couleur et ce qu'il faut de suspens. Les illustrations de Sue Hellard servent avec plaisir le texte de Rupert Kingfisher. Un soupçon de magie douce et espiègle, une héroïne mal aimée qui va trouver des alliés et s'épanouir, la recette est assurément réussie! Un look un peu rétro, un air de Dahl et Blake qui flotte dans l'air, on ne peut que vouloir découvrir les deux tomes suivants! (le tome 3 et le coffret collector sortent le 31 octobre, parfait pour Halloween..).


  • Le fils de Picasso

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    ©Nathan 2012, Marie sellier

    Années 50, révélations loufoques et découvertes artistiques et culturelles, et si Pablo était le fils de Picasso?

    "1955, Etats-Unis. Après la disparition de sa mère dans un accident d’avion, Pablo, 14 ans, se retrouve seul avec sa grand-mère. Celle-ci découvre dans les affaires de sa fille une lettre qui la convainc que Picasso est le père de Pablo. Elle décide alors d’emmener Pablo en France, ou le peintre s’est installé. Par l’intermédiaire d’amis communs, Pablo va pouvoir approcher le maître et découvrir qui est son véritable père."

    J'ai adoré ce court roman, sa galerie de personnages mêlée de vrais et de faux, son ambiance américano-cannoise chic et bohème à la fois. En suivant Pablo et sa grand-mère dans un voyage en France comme un retour aux origines, on goûte au vouvoiement entre jeunes gens, à l'aura de Picasso dans son cercle de proches, à la passion de la corrida, aux engagements artistiques, aux intrigues de coeur révélées sur les terrasses de restaurants sous le soleil...

    L'auteur est une habituée des documentaires sur l'Histoire de l'Art, et elle glisse habilement à la fin de son ouvrage une note sur les éléments réels de son récit, ainsi qu'une biographie de Picasso. En prenant connaissance du travail de fond réalisé pour cette histoire, on apprécie d'autant plus cette intimité très réaliste avec Picasso qu'elle nous offre dans ces 150pages!

  • Miss Charity, ou comment plonger dans l'époque victorienne

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    ©Ecole des loisirs, Marie-Aude Murail

    Quoi de mieux pour des jours de vacances pluvieux que cet énorme roman aux accents délicieusement austiniens, qui rend homage à Beatrix Potter ?

    "Charity est une fille. Une petite fille.
    Elle est comme tous les enfants : débordante de curiosité, assoiffée de contacts humains, de paroles et d’échanges, impatiente de créer et de participer à la vie du monde.
    Mais voilà, une petite fille de la bonne société anglaise des années 1880, ça doit se taire et ne pas trop se montrer, sauf à l’église, à la rigueur. Les adultes qui l’entourent ne font pas attention à elle, ses petites soeurs sont mortes. Alors Charity se réfugie au troisième étage de sa maison en compagnie de Tabitha, sa bonne. Pour ne pas devenir folle d’ennui, ou folle tout court, elle élève des souris dans la nursery, dresse un lapin, étudie des champignons au microscope, apprend Shakespeare par coeur et dessine inlassablement des corbeaux par temps de neige, avec l’espoir qu’un jour quelque chose va lui arriver…"

    La taille (très) impressionnante de ce volume m'avait toujours fait retarder le moment de sa lecture. Avis enflammés sur les blogs, thématique alléchante, dès que l'occasion s'est présentée dans mes premiers jours de vacances, je me suis offert une lecture mémorable! (en embarquant dans l'aventure une autre amatrice qui a été tout aussi enchantée).

    Quelles descriptions de l'atmosphère anglaise ultra-codifiée de la bourgeoisie! Quelle héroïne attachante, indépendante et décidée, que l'on voit évoluer entre une gouvernante névrosée, des parents qui ne la comprennent pas et des cercles mondains dont elle se sent très étrangère! L'humour piquant, la vision avant-gardiste et la vivacité d'esprit de Charity sont le sel de ce roman, et contrastent avec son quotidien figé et austère. On la voit s'en affranchir avec talent, dans un texte aux passages poétiques comme drôles, servi par des illustrations tendres, un texte jamais ennuyeux malgré l'ambiance et les 562 pages que l'on tourne sans s'en rendre compte!

    Une très belle lecture donc, à savourer lors d'humeur victorienne par exemple!!