billet programmé
©Naïve mars 2012, André Borbé
Face à l'oppression, les livres deviennent résistance par les âmes bienveillantes: récit humaniste pour jeunes ados
"Dans une ville gouvernée par un mystérieux tyran, une jeune fille insomniaque va vivre une aventure qui l’emportera au-delà de son imagination. Grâce à son courage, son esprit de résistance et ses talents d’écriture, elle affrontera les mystères et les dangers de Boucainvillier afin de libérer les habitants de la dictature qui les oppresse."
J'avais noté ce roman à l'élégante couverture sur plusieurs blogs. Une histoire de livres et d'insomnies, de révolte et de "gâteau d'âme" qui procure l'inspiration, ça me fascinait. Bien m'en prit, ce livre est un pur bonheur qui permettra aux plus jeunes des ados de plonger dans un récit de dystopie facile mais très bien fait!
A Boucainvillier, le peuple est opprimé par le Commandeur depuis 16 ans. Retranché dans sa citadelle sur les hauteurs de la cité, il est impitoyable. Les livres sont interdits, eux qui autrefois régnaient en belle place dans la somptueuse Bibliogare ravagée depuis par un incendie. La milice patrouille et impose sa terreur. Mais pendant le couvre-feu, Esther veille en secret. Ses nuits d’insomnie lui offrent le temps d'écrire, à elle et aux autres Bienveillants, ces élus qui naissent toutes les 6000 nuits et qui ont le don d'écrire des histoires qui insufflent de l'espoir à tout un peuple. Les Livreurs sont leurs alliés, eux qui distribuent ces écrits illicites au péril de leurs vies. Mais Esther ne va pas se contenter d'écrire, elle veut renverser la dictature, et avec l'aide de ses amis elle veut trouver la faille du mystérieux dictateur masqué. La révélation sera grande, et encore une fois, les histoires d'amour, de vengeance et de pouvoir seront au rendez-vous. Les points de vue s'alternent, dévoilant pas à pas des éléments majeurs pour démêler les fils du suspens.
L'univers de ce roman est planté avec poésie, dans un décor très pittoresque: la citadelle reliée à la cité par un funiculaire, le cabaret où se réunissent les rebelles, les ruelles...la couverture est d'ailleurs absolument en adéquation avec l'histoire, elle qui présente dans des couleurs bleues de nuit la fameuse plume d'or remise à chaque Bienveillant, qui lui permettra de signer ses textes.
Il y a ce prologue qui présente le décor mais qui peut perturber puisque les personnages changent ensuite. Il y a aussi ces allers et retours dans le passé qui éclairent l'intrigue et qui nécessitent de suivre avec attention. Il y a cette fin un poil frustrante, trop rapide et peut-être trop attendue. Ce roman n'est pas approfondi en mille volumes, certaines évidences sont lourdes de bons sentiments, et alors? Son ambition n'est que de plaire, et c'est réussi. Parce que tout ça passe sans effort et avec grand plaisir, emporté par une belle narration pleine d'imaginaire, des personnages gonflés de courage, d'espoir et d'amitié.
Un extrait:
« Marthe déposa son plumeau et ajusta la pile de livres posée au pied du petit bureau. Elle porta la main à son dos en poussant un soupir de soulagement. Elle aimait finir le ménage par cette pièce. Il n’y avait pas grand-chose à ranger dans la chambre d’Esther. Le lit jamais défait, l’oreiller sans un pli, les rideaux toujours maintenus dans leurs cordons de velours. Et pour cause, Esther ne dormait pas dans son lit. Ni dans aucun autre d’ailleurs. À l’âge de seize ans, elle n’avait encore jamais fermé l’œil de la nuit. »
Un petit tour sur le site d'André Borbé auteur compositeur interprète, dont c'est ici le premier roman.
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